LES PÉPÉES
DU PARRAIN
Aux yeux de ses camarades, Célian Vettorazzo est un élève respectable qui sait allier dans sa vie ordinaire gentillesse et générosité. S’il peut parfois égayer de quelques plaisanteries gaillardes la cours de récréation, personne ne peut imaginer qu’il mène double vie.
Mais un court après-midi passé dans la petite commune des Fins permet de briser l’omerta.
En vérité, Célian Vettorazzo est le parrain d’une mafia locale qui exerce une pression farouche sur tous les commerçants de l’endroit. Il récolte chaque mois un butin colossal en leur extorquant de l’argent.
Ce jour-là, Ugo Jacob, propriétaire d’une société de transport, vient de garer un mini-bus dans le sous-sol du bowling du coin. Tout nouveau en ville, il compte faire prospérer son entreprise en développant les lignes existantes vers la Suisse toute proche. Il ne sait rien des malversations du caïd des Fins. Il ignore jusqu’au nom redouté de Don Vetto.
Et c’est le drame.
A deux pas du bus, Ugo est alpagué par un grand noir baraqué au regard redoutable, AK47 flambant neuf en main. « Viens-là petit morveux. Tu passes à la casserole ou je t’éparpille façon puzzle ! File-moi ton pognon ! ». L’agresseur n’est autre que le bras droit du capo. Son prénom est Kévin, mais dans le milieu, on le surnomme Mille Tonnes, au regard de la puissance de son coup droit dévastateur. Enserré dans ses bras puissants, Ugo n’a d’autres ressources que d’appeler à l’aide. Mais ses cris ne rencontrent aucune oreille compatissante et sa situation semble désespérée… jusqu’au moment où Charle, dit Lhomme, parce qu’il s’indigne des méfaits des malfrats, pénètre dans le parking. Charle a décidé de frapper un grand coup et d’en finir une bonne fois pour toutes avec tous les mafieux. C’est le jour des vêpres siciliennes. Il s’est entouré d’une belle troupe de résistants, armée jusqu’aux dents de fusils mitrailleurs. Il y a là Cléa et Julien qui n’ont jamais tenu un gun en main, mais qui mettent en joue courageusement Lilirose et Lana, les deux pépées du Don. Aux aguets, Luna a pris position sur un socle en bois et jette son regard partout à la fois. Quand Louca dit « Canon Scié » débouche en trombe d’un sombre couloir, elle ouvre le feu.
Et c’est à nouveau le drame.
Dans la même seconde, les balles crépitent en tout sens et produisent des éclairs qui strient l’obscurité. On aperçoit Arthur, italien de souche, qui vide son chargeur sur Jordan. Alicia, palermitaine, poursuit à grandes enjambées la belle Émilie, quand elle s’engouffre malencontreusement dans le piège que lui tendent Loïc, Ylonna et Méziane. Les trois compères lui règlent son compte de plusieurs rafales meurtrières.
A l’intérieur du bus, Mathis, 11 ans, s’est positionné en sentinelle sur ordre de « Mille Tonnes ». Le gamin n’a pas d’œil dans le dos. Il est découvert par le shérif Wilfried qui l’ajuste et le flingue.
La bande mafieuse commence à compter beaucoup de victimes dans ses rangs. Halima est à terre gravement touchée. Toute ensanglantée, Shanna se traine au sol sans pouvoir se relever. Tiffany l’enjambe, pointe son arme sur sa tempe et lui donne le coup de grâce.
Au milieu de la pétarade, appelé en renfort des contrées du nord par l’ami Charle, débarque Gaël, le Ch’ti Warrior, un Eliott Ness de notre temps. Il commande aux habitants spoliés et sa stratégie défait les dernières résistances du clan. Don Vetto est encerclé et n’a plus autour de lui qu’une poignée d’aficionados : Jimmy et Paolo de la famille new-yorkaise et Aron Kilikov, truand moscovite. Autour du parrain, ils font rempart de leurs corps. Mais Jimmy est abattu par Pierrick et Paolo s’effondre sous la mitraille de Nathaniel. Aron parvient à s’enfuir et à rejoindre le transsibérien qui fait halte à Morteau.
Le boss n’a plus d’autres ressources que de se rendre. Célian Vettorazzo a terminé ce mercredi 29 septembre sa carrière criminelle. Gaël enserre ses poignets dans des menottes d’acier avant de l’embarquer aux Fontenelles dans une cellule de haute sécurité.
Pour fêter l’évènement, Ugo, l’entrepreneur, invite la population à des réjouissances. C’est partie gratis au bowling, la boisson coule à flot. La joie se lit sur tous les visages… même celui d’Erwan Drouard qui multiplie pourtant les lancers dans la rigole. Sans plus une goutte d’adrénaline, Nathan ne parvient pas à toucher une quille mais il rit à gorge déployée d’autant de bonheur retrouvé.
« C’est le plus beau jour de ma vie !». Dans un discours émouvant, Lilly Grosjean exprime à toute l’assemblée son sentiment de soulagement. « Jamais plus Don Vetto ne viendra s’emparer de mes bijoux et parfums de luxe. Je peux jeter avec confiance la boule sur la piste ».
Lenna échange le pourpre du deuil de ses cheveux pour un jaune éclatant, Ambre se fend d’un sourire qui lui traverse tout le visage.
La fin d’après-midi est endiablée. Aux boules qui dégringolent sur les pistes succède le fracas des quilles qu’on renverse. Puis un coup de gong stoppe tout à coup le désordre ambiant. C’est Mathis Vernay qui frappe d’un lourd marteau la fin du divertissement. « Tous à la maison ! »
















