La laïcité dans notre république, c’est d’abord l’expression de notre liberté car la laïcité permet à chacun de pratiquer la religion de son choix ou de n’en pratiquer aucune, selon sa conviction.
La Laïcité dans notre République, c’est aussi l’égalité entre toutes les religions. Il n’existe pas dans la République de religion d’État ou de religion officielle. Elle les reconnaît toutes et n’en privilégie aucune.
La laïcité de notre République, c’est enfin la fraternité, parce que tous les êtres humains, femmes et hommes, quelle que soient leurs croyances ou leurs opinions, méritent une égale considération et appellent un même respect. C’est pourquoi, en France, l’école de la République est laïque car la laïcité garantit à tous les élèves et à tous les niveaux un enseignement consacré au seul culte du savoir et de la recherche, qui forgent les esprits libres et ouverts au monde.
Message vidéo de Robert Badinter à l’intention des élèves et des professeurs publié sur le site du ministère de l’Éducation nationale en novembre 2020, à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty.
« Jeunesse, Jeunesse ! Souviens-toi des souffrances que tes pères ont endurées, des terribles batailles où ils ont dû vaincre, pour conquérir la liberté dont tu jouis à cette heure. Si tu te sens indépendante, si tu peux aller et venir à ton gré, dire dans la presse ce que tu penses, avoir une opinion et l’exprimer publiquement, c’est que tes pères ont donné de leur intelligence et de leur sang. Tu n’es pas née sous la tyrannie, tu ignores ce que c’est que de se réveiller chaque matin avec la botte d’un maître sur la poitrine, tu ne t’es pas battue pour échapper au sabre du dictateur, aux poids faux du mauvais juge. Remercie tes pères, et ne commets pas le crime d’acclamer le mensonge, de faire campagne avec la force brutale, l’intolérance des fanatiques et la voracité des ambitieux. La dictature est au bout. »
[…] un être humain n’est rien sans les autres. Rien sans amour, l’éducation, le secours des autres. Aucun de nous ne devient humain tout seul. Aucun de nous n’existe que par lui-même, et donc aucun de nous ne peut exister pour lui-même – il faut donner à mesure de ce qu’on a reçu, rendre plus humain encore le monde qui nous a élevés comme des êtres humains. […] chacun de nous seul est la fragilité même, l’impuissance même, la nullité et la nudité même ! Tout notre être prend sa vitalité dans la qualité de ses multiples interactions avec autrui – dans la somme de toutes les relations de fraternité, de solidarité, d’échanges, de transmission, de dialogue, etc. qui nous permettent de développer notre puissance d’être et d’agir, notre expression créatrice de nous-mêmes ! La fraternité nous crée.
Nous naissons de l’intensité amoureuse de notre relation à nos frères et sœurs humains. Plus nous avons de frères et sœurs, sans frontières de couleur ou de croyances, plus nous vivons. Nous mourons sans ces liens nourriciers, nous diminuons s’ils diminuent, en réduisant la fraternité, en la limitant à ceux qui croient dans le même dieu que nous ou qui ont le même niveau de richesse.
Nous ne pouvons vivre de façon pleinement humaine que dans un système de fraternité. La fraternité est notre écosystème. Notre petit « moi » se dessèche et meurt s’il n’est plus alimenté par toutes les interactions visibles et invisibles qui le relient à tous les Autres possibles – l’Autre en soi, l’Autre en l’Autre homme […] qu’on appelle « divin » nature ou âme monde.
Abdenour BIDAR, « Lettre ouverte au monde musulman… et à l’accident », Les Liens qui Libèrent, septembre 2022.
L’Homme qui te ressemble
J’ai frappé à ta porte
J’ai frappé à ton cœur
pour avoir bon lit
pour avoir bon feu
pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi mon frère !...
Pourquoi me demander
si je suis d’Afrique
si je suis d’Amérique
si je suis d’Asie
si je suis d’Europe ?
Ouvre-moi mon frère !...
Pourquoi me demander
la longueur de mon nez
l’épaisseur de ma bouche
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi mon frère !...
Je ne suis pas un noir
Je ne suis pas un rouge
Je ne suis pas un jaune
Je ne suis pas un blanc
mais je ne suis qu’un homme
Ouvre-moi mon frère !...
Ouvre-moi ta porte
Ouvre-moi ton cœur
car je suis un homme
l’homme de tous les temps
l’homme de tous les cieux
l’homme qui te ressemble !...